Parfois, on a des questions un peu bêtes en tête. Ou plutôt : des questions qu’on croit bêtes, mais que 99 % des guitaristes se posent aussi sans jamais le dire à voix haute. C’est normal : le monde de la guitare adore les mots compliqués, les mythes qui se transmettent comme des légendes urbaines, et les avis tranchés (« érable ou palissandre ? Choisis bien, ton âme en dépend »).
Alors aujourd’hui, c’est l’occasion de lever tous les tabous. On sort le chocolat chaud, on se détend, et on répond point par point. Sérieusement dans le fond, mais sans se priver de s’amuser un peu sur la forme, on n’est pas des bêtes.
C’est parti pour les questions !
Qui a inventé la première guitare électrique ?
La première guitare électrique commercialisée de manière significative, c’est la Rickenbacker « Frying Pan » au début des années 1930. Le principe de base du micro électromagnétique existait déjà, et plusieurs inventeurs ont travaillé dessus, mais c’est cette guitare lap steel qui marque le vrai tournant : amplification fiable, production industrielle, et début de la modernité.
Oui, elle avait vraiment une forme de poêle à frire. Non, ce n’était pas pour jouer des riffs croustillants.
Qu’est-ce qui donne le son si caractéristique de la Telecaster ?
La Telecaster, c’est un cocktail simple mais explosif :
– un micro chevalet à plaque métallique qui renforce les aigus,
– un corps en frêne ou aulne qui claque comme une porte mal fermée,
– un pont fixe et massif qui transfère énormément d’attaque,
– et une simplicité totale qui laisse passer chaque nuance (et chaque erreur, désolé).
Résultat : une attaque tranchante, des aigus brillants, et ce grain « twang » reconnaissable à 50 km.
Comment tester une guitare dans un magasin de musique ?
Trois règles simples :
- Joue ce que tu joues vraiment, pas un solo appris exprès pour impressionner le vendeur
- Teste à faible et à moyenne intensité, car c’est là que tu entendras le confort, l’équilibre et la dynamique
- Vérifie les basiques : accordage qui tient, frise éventuelle, confort du manche, accès aux aigus, poids
Et surtout : ne t’excuse pas d’être là. Les magasins existent pour ça, tu ne déranges personne. (Sauf si tu joues « Wonderwall ». Là, peut-être un peu.)
Ils vont où les médiators perdus ?
Ben dans ton cul Lulu.
Vaut mieux une touche ébène, érable ou palissandre ?
Techniquement, les trois font l’affaire. Leur influence sonore existe, mais elle ne transforme pas une guitare moyenne en machine divine.
- Érable : brillant, claquant, très articulé.
- Palissandre : plus doux, plus chaud, plus arrondi.
- Ébène : attaque nette, sensation plus rigide et luxe discret « je connais les bois exotiques ».
Au final c’est surtout une question de feeling sous les doigts. Si quelqu’un te dit qu’un type de touche « sonne 10 fois mieux », fais-lui écouter un test ABX à l’aveugle. On rigolera ensemble.
Ma Les Paul a une table AAA, ça veut dire qu’elle sent l’andouillette ?
Bonne nouvelle : aucun rapport avec l’Association Amicale des Amateurs d’Andouillette Authentique. Le « AAA », c’est juste un grade esthétique : la table a une figure de bois plus marquée, plus régulière, plus jolie quoi.
Donc si quelque chose sent l’andouillette, ce n’est pas la guitare. C’est peut-être toi.
Un manche collé, c’est mieux qu’un manche vissé ?
Ni mieux, ni moins bien : différent.
- Manche collé (set-neck) : sustain un peu plus long, transition douce entre manche et corps, look plus « noble ».
- Manche vissé (bolt-on) : attaque plus franche, son un peu plus percussif, facilité de réparation.
Le choix dépend du guitariste. Hendrix ne s’est jamais plaint du manche vissé. Et personne ne s’est plaint d’une Les Paul non plus.
Mon potard de volume crache, c’est normal ?
Normal, non. Fréquent, oui. C’est souvent de la poussière dans le potentiomètre. Un petit nettoyage au produit contact peut suffire. Si ça continue, il faut changer le potard ce qui est, rassure-toi, une chirurgie mineure dans le monde guitaristique.
C’est suffisant un 100W à lampes pour ma chambre ?
Ouais ça devrait le faire ouais, mais vérifie quand même que t’as du double vitrage et que tes voisins aiment la musique !
Dans mon groupe je mets l’ampli à fond mais on m’entend jamais, c’est normal ?
Oui mais c’est parce que t’as pas bien géré. Là où la batterie et la basse excellent dans les fréquences basses (et aussi dans les aigues pour les cymbales), le spectre de prédilection de la guitare c’est dans les mediums.
Monte-les. Fort. Plus fort que ça. Encore un peu. Voilà. Maintenant on t’entend, et si on te demande de baisser le volue tu pourras dire tout penaud « ben franchement les gars je comprends pas, j’ai le master à 3 je peux pas baisser plus ! »
Un True Bypass, c’est bien ?
C’est bien dans le bon contexte. Un true bypass laisse passer le signal sans que l’effet colore le son quand il est éteint. Top sur le papier. Mais si tu as une longue chaîne de pédales, tu peux perdre du niveau ou des aigus. Parfois, un buffer fait mieux le job.
Moralité : le mieux, c’est ce qui sonne bien. (Oui, cette réponse marche aussi pour tout dans la vie.)
Est-ce que les guitares vintage sont vraiment meilleures ?
Elles sont différentes, et parfois magiques mais pas systématiquement meilleures. Franchement y en a même qui sonne vraiment comme des paquets de spaghetti. Mais certaines ont bien vieilli, ont été entretenues, et bénéficient d’une aura gagnée avec le temps. Celles-là…. coûtent beaucoup trop cher, ça vaut pas le coup de s’y intéresser.
C’est quoi la marge réelle des marques ?
Ben ouais, ils se font combien sur notre dos ces salauds ? Personne n’a les chiffres exacts pour chaque fabricant, mais on sait deux choses :
- Certaines guitares haut de gamme sont trèèèèèès rentables (sélection du bois, finition manuelle, mais aussi beaucoup de marketing)
- Les guitares d’entrée/milieu de gamme ont souvent des marges plus serrées, surtout après le transport, les taxes, la distribution et le revendeur
Bon ben voilà on a tout fait ! On a tous commencé quelque part, on s’est tous demandé un jour pourquoi notre ampli sonnait comme un grille-pain, à un moment faut les poser ces questions !
Et si tu as d’autres questions étranges, honteuses ou existentielles… je suis prêt.

