Parmi toutes les guitares qui ont marqué l’histoire du rock, rares sont celles qui possèdent un nom, une histoire et une aura à la hauteur de Brownie. Cette Stratocaster de 1956 est le témoin d’une période charnière de la carrière d’Eric Clapton.
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L’histoire de Brownie
Clapton découvre Brownie en mai 1967 dans la boutique Sound City à Londres. Il s’agit d’une Fender Stratocaster sunburst deux tons de 1956 avec corps en aulne et manche en érable d’un seul tenant. À cette époque la Strat n’était pas encore la guitare de prédilection de Clapton – il venait de passer par des Les Paul et une SG psychédélique – mais ce coup de foudre allait durablement marquer son son.
Brownie doit son surnom à sa teinte chaleureuse et patinée, un brun profond qui reflète les années de jeu et d’usure. Contrairement à une guitare neuve sortie d’usine, Clapton privilégiait justement ces instruments déjà marqués par le temps, persuadé que leur vécu se traduisait en jouabilité et en caractère.
Il a d’ailleurs contribué à accentuer le vécu de cette guitare, la touche usée presque jusqu’à la corde le montre bien. Le détail important qui fait qu’on reconnait cette guitare entre 1000 : Clapton a un jour glissé une cigarette allumée entre la corde et la tête pendant qu’il jouait. Cette cigarette s’est consumée et a attaqué le bois, on peut donc voir une marque de brûlure sur la tête au-dessus de la corde de mi grave.
Brownie sera utilisée par Clapton jusqu’à ce qu’il assemble Blackie au début des années 70 et ne deviendra plus qu’une guitare de rechange. Elle reste tout de même celle qui a emmené Clapton vers la Strat et c’est ce qui fait qu’elle compte énormément pour beaucoup d’entre nous.
Le manche de cette Stratocaster
Ce qui distinguait vraiment Brownie aux yeux de Clapton, c’était son manche. Épais, massif, souvent comparé à un « baseball bat », il offrait une prise en main solide et un sustain exceptionnel. Avec son profil en “large soft V” typique des Strat de cette époque, il obligeait à une approche de jeu différente mais récompensait le musicien par une expressivité unique.
Clapton l’aimait tellement qu’il alla jusqu’à monter le manche de Brownie sur une Telecaster utilisée lors du concert de Blind Faith à Hyde Park en 1969. Un détail qui en dit long sur l’importance que ce manche avait pour lui.
Où est-ce qu’on entend la Strat Brownie ?
Brownie a joué un rôle majeur dans certains des enregistrements les plus emblématiques de Clapton. On l’entend notamment sur l’album “Layla and Other Assorted Love Songs” (1970) de Derek and the Dominos, véritable sommet de sa carrière. La guitare apparaît aussi en photo sur la pochette arrière du disque, immortalisant son rôle central dans cette aventure.
On la retrouve également sur la pochette du premier album solo de Clapton, sobrement intitulé Eric Clapton (1970). À travers ces sessions Brownie est devenue indissociable du passage de Clapton vers un son plus clair, plus brillant et typiquement “Strat”.
De la scène aux enchères : le destin de Brownie
Après l’arrivée de Blackie – une autre Strat légendaire, assemblée à partir de plusieurs modèles des années 50 – Brownie est reléguée au second plan, servant surtout de guitare de secours. Mais son aura ne faiblira pas.
En 1999 Clapton décide de mettre aux enchères une partie de sa collection pour financer son centre de désintoxication, le Crossroads Centre. Brownie s’envole alors chez Christie’s pour près de 497 500 dollars, un record mondial pour une guitare à l’époque. Elle est aujourd’hui exposée au Museum of Pop Culture (anciennement Experience Music Project) à Seattle, où les fans peuvent encore l’admirer.

L’héritage et les rééditions Fender
Face à l’importance de cette guitare dans l’histoire du rock, Fender ne pouvait pas rester indifférent. En 2013, le Custom Shop lance une Brownie Tribute Stratocaster, limitée à 100 exemplaires.
Fabriquées par Todd Krause, le luthier attitré de Clapton, ces rééditions reprennent chaque détail : corps en aulne trois pièces, finition nitro relic, micros ’56 custom, et bien sûr ce fameux manche en érable au profil “soft V”. Même les marques d’usure, éclats de vernis et traces de cigarette ont été reproduits avec minutie.
Ces modèles de collection se sont vendus en un clin d’œil, une partie des recettes étant reversée au Crossroads Centre et au musée qui expose l’originale. Pour Fender, Brownie est ainsi devenue bien plus qu’une Strat : une icône, au même titre que la Blackie ou la Black Strat de Gilmour.
Trouvez votre propre Brownie !
Si on cherche bien, on peut se dire que Brownie n’est rien de plus qu’une Stratocaster de base, de 1956 certes, mais une simple Stratocaster, couleur Sunburst avec une touche érable. Donc, une Strat des années 50, sunburst, c’est si difficile à trouver ? Une do’rigine oui, mais les rééditions existent à la pelle ! Petit tour d’horizon :
Fender American Vintage 1957 Stratocaster

La American Vintage II ‘57 Strat est la référence pour ceux qui recherchent l’expérience la plus proche d’une véritable Strat des années 50 sans avoir à débourser le prix d’une guitare de collection. Corps en aulne, manche érable au profil en “V”, micros vintage-voiced… tout est pensé pour retrouver le son cristallin et claquant des premières Stratocaster. Une excellente alternative haut de gamme à la mythique Brownie.
Fender Vintera 50s Stratocaster

La Vintera II 50s Strat offre l’esprit Fender vintage à un tarif beaucoup plus accessible. On retrouve les caractéristiques typiques des modèles des années 50 : manche en érable au profil soft “V”, micros calibrés pour un son chaud et précis, et une lutherie fidèle aux standards de l’époque. C’est une excellente porte d’entrée pour qui veut ressentir le mojo des premières Strat.
Squier Classic Vibe 50s Stratocaster

Avec la Classic Vibe 50s Strat, Squier propose un rapport qualité/prix imbattable. Cette guitare rend hommage aux Strat des débuts avec un manche érable confortable, des micros au caractère vintage et une finition soignée. C’est l’option idéale pour goûter aux sensations des années 50 sans exploser son budget.
Squier Sonic Strat

La Squier Sonic Strat est le choix parfait pour débuter la guitare électrique avec style. Légère, confortable et équipée de micros simples efficaces, elle permet de se lancer avec un instrument fiable et polyvalent. Une excellente première Strat qui peut évoluer avec le guitariste, et qui reste fidèle à l’esprit Fender.
Questions autour de la guitare Brownie d’Eric Clapton
Quelle est la différence entre Brownie et Blackie ?
Brownie est une Fender Stratocaster de 1956, achetée par Clapton en 1967 et utilisée notamment pour l’album Layla and Other Assorted Love Songs. Blackie, quant à elle, est une Strat assemblée par Clapton en 1970 à partir de trois guitares différentes des années 50. Brownie a ouvert la voie à son passage vers la Strat, tandis que Blackie est devenue son instrument principal dans les années 70 et 80.
Combien vaut Brownie aujourd’hui ?
Brownie a été vendue en 1999 chez Christie’s pour 497 500 dollars, un record à l’époque. Elle appartient désormais au Museum of Pop Culture (Seattle) et n’est pas à vendre. Sa valeur actuelle, si elle revenait sur le marché, dépasserait sans doute plusieurs millions de dollars.
Sur quels enregistrements célèbres Clapton a-t-il utilisé Brownie ?
Brownie est la guitare principale de Clapton pour l’album “Layla and Other Assorted Love Songs” (1970). Elle est également visible sur la pochette de son premier album solo Eric Clapton (1970).
Pourquoi la Stratocaster Brownie est-elle si spéciale ?
Au-delà de son âge et de son profil de manche particulier, Brownie est spéciale car elle a marqué le moment où Clapton a adopté la Stratocaster comme guitare principale. Sa sonorité claire, expressive et brillante a défini une partie de son style.
Fender a-t-il produit une réédition officielle de Brownie ?
Oui. En 2013, Fender Custom Shop a sorti la Brownie Tribute Stratocaster, limitée à 100 exemplaires. Chaque détail de l’original a été reproduit, jusqu’aux usures du vernis et aux marques de cigarette. Ces modèles de collection sont aujourd’hui introuvables en neuf et s’échangent sur le marché de l’occasion à des prix très élevés.