La Red Special de Brian May est sans doute l’une des guitares les plus mythiques de l’histoire du rock. Non pas parce qu’elle est signée d’une grande marque, ni parce qu’elle a été produite en série limitée, mais parce qu’elle est le fruit de l’ingéniosité d’un adolescent et de son père. Conçue dans les années 60 à partir de matériaux de récupération, cette guitare maison est devenue la voix reconnaissable entre mille du guitariste de Queen.
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Récup et recyclage pour la Red Special
En mars 1963, un jeune Brian May décide, avec son père Harold, de construire sa propre guitare. Faute de moyens pour s’offrir une Fender ou une Gibson, ils se lancent dans un projet qui durera près de deux ans. Le résultat, que l’on connaît aujourd’hui sous le nom de Red Special, allait marquer à jamais l’histoire du rock.
Le manche est taillé dans le linteau d’une vieille cheminée en acajou du XIXe siècle, promise à la benne. Le bois est dur, abîmé, avec même des trous de vers que l’on distingue encore aujourd’hui. May le taille à la main jusqu’à obtenir la forme désirée, un travail fastidieux qui donne au manche une identité unique.
La touche est réalisée en chêne, avec 24 frettes – un choix audacieux à l’époque – et des repères en nacre taillés dans des boutons. Brian les dispose de façon inhabituelle : deux incrustations aux 7ᵉ et 19ᵉ frettes, et trois aux 12ᵉ et 24ᵉ. Déjà, l’instrument sort des sentiers battus.
Le corps est un assemblage de chêne, d’acajou et de contreplaqué latté, renforcé par un bloc central et recouvert de deux fines feuilles d’acajou pour lui donner l’apparence d’une guitare à corps plein. Un binding blanc vient terminer l’ensemble et donner un aspect premium. Coût total estimé à l’époque : 17,50 £.
L’électronique sur mesure de la Red Special
Brian May équipe sa guitare de trois micros Burns Tri-Sonic. Mais insatisfait du rendu, il les rebobine lui-même à l’envers pour inverser la polarité, puis les imprègne de résine époxy afin de réduire leur sensibilité microphonique.
Il ajoute un système de switchs individuels permettant d’activer ou d’inverser chaque micro. Cette configuration inédite lui offre des possibilités sonores presque infinies et devient l’une des signatures du son Queen : des nappes orchestrales, des harmonies complexes et ce sustain si chantant.
À l’origine, la Red Special embarquait même un système de distorsion intégré, récupéré sur une boîte d’effet Vox. Mais insatisfait du résultat, May l’abandonne rapidement. L’interrupteur laissé vide est d’abord masqué par un simple scotch avant d’être remplacé par un petit insert en forme d’étoile, toujours visible aujourd’hui.
Un vibrato maison pensé pour durer
L’un des éléments les plus ingénieux de la Red Special reste son système de vibrato maison, conçu pour limiter les problèmes de désaccordage. Le dispositif repose sur une lame de couteau en acier trempé, sur laquelle pivote le bloc d’attache des cordes.
Pour contrebalancer la tension, Brian utilise deux ressorts de soupape de motocyclette fixés de manière à être ajustables par de simples vis. Pour réduire les frottements, il installe des roulements sur les pontets du chevalet, ce qui permet aux cordes de glisser plus librement lors de l’usage du bras.
Et ce bras de vibrato, parlons-en : il est fabriqué à partir d’un support de sacoche de vélo, terminé par un embout en plastique issu d’une aiguille à tricoter. Du pur bricolage, mais diablement efficace.
Au bout du manche, les cordes passent par une frette zéro, puis un sillet en bakélite. L’alignement droit des cordes jusqu’aux mécaniques réduit encore les frictions et contribue à la stabilité de l’accordage.
Le son Queen : Red Special + treble booster + Vox AC30
Très vite, Brian adopte une configuration simple mais redoutable : Red Special + treble booster + Vox AC30. Au départ, il utilise un Dallas Rangemaster, remplacé plus tard par un modèle fabriqué par Greg Fryer. Sur scène comme en studio, l’AC30 est toujours poussé à fond, et c’est la guitare elle-même qui contrôle le volume et la dynamique.
Ce mariage donne naissance au son Queen : puissant, chantant, capable de passer de la douceur à la furie avec un simple mouvement du bouton de volume. Des titres comme Bohemian Rhapsody, Brighton Rock ou We Will Rock You ne seraient pas les mêmes sans cette combinaison.
Le son Brian May à petit budget
Harley Benton
BM 75
298 €
Electro Harmonix
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40 €
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498 €
Une guitare unique et irremplaçable
Bien que Brian May ait testé des copies ou des répliques (Guild, Burns, puis sa propre marque Brian May Guitars), il n’a jamais trouvé de véritable remplaçante à son instrument d’origine. La Red Special originelle reste sa guitare de scène et de studio, entretenue, réparée, mais jamais abandonnée.
Des versions accessibles, de l’officiel au low-cost
Avec le temps, la Red Special est devenue un mythe. Des modèles officiels existent, produits par Brian May Guitars, fidèles à l’esprit de l’originale mais à des prix parfois élevés.
Pour les guitaristes au budget serré, Harley Benton propose une alternative étonnamment réussie : la BM-75, directement inspirée de la Red Special. Design, configuration de micros et jouabilité rappellent l’originale, pour un tarif très accessible. Une bonne façon d’approcher l’univers de Brian May sans se ruiner.
Harley Benton Red Special
298 €
4,7/5
Toujours pour se rapprocher du son de Brian May, si la sélection plus haut ne vous a pas convaincu particulièrement concernant l’ampli, vous pouvez toujours vous procurer des produits Vox avec la signature de Brian May, surtout conçus pour jouer tranquillement sans déranger les voisins !
Des amplis pour le son Queen
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Héritage et influence
La Red Special n’est pas seulement une guitare : c’est un symbole. Elle incarne la créativité, l’ingéniosité et l’idée que le talent prime sur les moyens. Construite avec du bois de cheminée, des ressorts de moto et un bras de vélo, elle est devenue l’instrument d’un des guitaristes les plus influents du XXe siècle.
Plus de soixante ans après sa création, elle reste indissociable du son Queen et continue d’inspirer des générations de musiciens. Comme quoi, parfois, les plus grandes légendes naissent du bricolage et de la passion.
