Il y a des riffs qui te marquent à vie. Celui de Back In Black en fait partie. Trois accords, une frappe chirurgicale, et ce son… massif mais clair, tranchant mais chaleureux. Enregistré en 1980, c’est l’album qui a remis AC/DC sur orbite après la disparition tragique de Bon Scott, et c’est aussi l’un des disques les plus vendus de l’histoire. Mais derrière cette énergie il y a une sacrée alchimie soigneusement construite par Angus Young et Malcolm Young. Et comme souvent avec les frères, tout est dans le choix du matos… et dans la manière de le régler.
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Le matos en un clin d’oeil
Comme d’habitude on commence par une sélection au plus proche du matos utilisé pour l’enregistrement :
Et on continue avec une sélection un peu plus sympa pour le porte-monnaie :
Back In Black, c’était quitte ou double
Sorti le 25 juillet 1980, Back In Black est le premier album avec Brian Johnson au chant, et un hommage direct à Bon Scott (jusqu’à la pochette noire en signe de deuil). Produit par Robert John “Mutt” Lange, il frappe par sa précision : chaque instrument a sa place, et rien ne déborde. Pas de surenchère technique ou d’effets tapageurs, juste du rock pur, tendu comme un câble haute tension. Bref, on reste dans le AC/DC qu’on connait
Enregistré aux Bahamas puis mixé à New York, l’album aligne des classiques instantanés : Hells Bells, You Shook Me All Night Long, et bien sûr Back In Black. Et si ces morceaux sonnent toujours aussi frais plus de 40 ans plus tard c’est pour tout un tas de bonnes raisons, et le matos utilisé par les frères Young en fiat partie.
Avant d’évoquer leur matos, prenons quand même quelques secondes pour parler du chant de Brian Johnson. Sa tâche était de remplacer Bon Scott, la voix du groupe. Compliqué n’est-ce pas ? Sachant qu’en plus il n’était pas super chaud pour rejoindre le groupe à la base. Il avait déjà fait partie d’un groupe, Geordie, dont quelques titres avaient atteint le top 10 des charts et pourtant le groupe était tout aussi fauché. Il auditionne quand même et il est pris. Le groupe lui demande d’écrire une chanson hommage à Bon Scott qui ne doit pas être morbide, et plutôt même enjouée. Johnson réussit et devient la voix du groupe pour les 40 années qui suivent. Et si vous me demandez mon avis, c’est la meilleure voix du groupe !
Les guitares et amplis d’Angus Young en détail
En studio, Angus utilise évidemment une Gibson SG. C’est sa Gibson SG Standard de 1970, achetée d’origine avec un vibrato Maestro. Sauf que ce système, il l’a purement et simplement viré en 1978 — moins de pièces mobiles, plus de sustain, plus de fiabilité. Côté amplifi, il alterne entre un Marshall JTM45 et un Marshall Super Lead Plexi (SLP), en fonction des morceaux et des prises, mais c’est probablement plus le JTM45 qui a été utilisé pour Back In Black. Et pourquoi on l’entend toujours autant ? Un réglage inhabituel : peu de basses, peu d’aigus, mais beaucoup de médiums. Résultat : un son qui perce le mix sans jamais devenir criard, et surtout qui contrebalance la philosophie de Malcolm qu’on verra juste après.
Les guitares et amplis de Malcolm Young en détail
Malcolm, c’est l’ancrage rythmique. Et pour Back In Black, il ne joue pas sur sa célèbre Gretsch Jet double cutaway délestée de micros, mais sur une guitare encore plus visuelle : une Gretsch White Falcon, massive, luxueuse, et avec la version sans tremolo. Branchée dans un Marshall Major de 200 watts, elle crache un son énorme… mais taillé sur mesure : beaucoup de basses, un peu moins d’aigus, et très peu de médiums. De quoi laisser tout l’espace central du spectre à Angus, et faire en sorte que les deux guitares ne se marchent jamais dessus.
L’alchimie des frères Young
Si Back In Black sonne aussi net, c’est en grande partie grâce à cette complémentarité millimétrée entre Angus et Malcolm. Là où beaucoup de groupes laissent les guitares se battre pour occuper les mêmes fréquences, eux font exactement l’inverse : ils occupent chacun leur espace.
- Angus reste dans les médiums, là où l’oreille humaine est la plus sensible. C’est ce qui donne à ses solos et riffs cette sensation de “trancher dans le mix” sans jamais dominer la basse ni la batterie.
- Malcolm, lui, construit un tapis de son épais en bas du spectre, avec juste assez d’aigus pour donner de l’attaque. Pas de médiums ou presque — il les laisse volontairement à Angus.
Résultat : quand les deux jouent ensemble, c’est comme si tu mettais deux pièces de puzzle parfaitement ajustées. Le tout est soutenu par un groove d’acier, qui donne l’impression que le groupe avance comme une seule machine.
Et c’est ça, le secret. Pas seulement le choix du matos — même si SG, White Falcon et Marshall, ça aide — mais surtout la discipline et la vision du son d’ensemble. Les frères Young ne jouaient pas “l’un contre l’autre”, ils jouaient l’un pour l’autre.