Jimmy Page, figure intouchable du rock, a une collection de guitares hallucinante. Mais saviez-vous que l’une de ses plus célèbres n’a pas été choisie pour son look de folie, mais par pure praticité ?
C’est l’histoire de la Gibson EDS-1275 double-manche.
Mais pourquoi Page a besoin de deux manches ?
Sur le monumental « Stairway to Heaven » de Led Zeppelin, Page utilise une guitare six cordes et une douze cordes. Pas pratique de changer en plein milieu du morceau sur scène, n’est-ce pas ?
La solution ? Le double-manche Gibson EDS-1275. Avant Page, c’était un instrument plutôt anecdotique. Elvis Presley en a tenu une pour un film, mais c’est Page qui l’a propulsée sur le devant de la scène.
Grâce à Page, le double-manche devient un incontournable. Lui ne l’a pas utilisée que pour « Stairway » et l’a dégainée sur des titres comme « The Song Remains the Same » ou « The Rain Song ». En 2007, lors de la reformation de Zeppelin, la double-manche était toujours là, pour un dernier « Stairway » d’anthologie. Gibson en a d’ailleurs profité pour sortir une première réédition limitée à 250 exemplaires, les 25 premiers étant signés par Jimmy Page lui-même !
Côté technique
La Gibson EDS-1275 est inspirée du modèle SG de Gibson, plus léger et maniable que les premiers doubles-manches.
Page a remplacé les micros d’origine du manche six cordes par des Seymour Duncan pour un son plus pêchu, mais sinon sa guitare est un modèle standard. Un détail amusant : l’inscription « Custom » sur les caches des truss rods ne veut pas dire que c’était un modèle unique, mais juste un élément de design.
La guitare possède un switch pour passer d’un manche à l’autre en « annihilant » le manche qui n’est pas joué. Mais Jimmy Page ne fait rien comme tout le monde. Lorsqu’il est sur le manche 12 cordes, il aime que les micros du manche 6 cordes soient toujours activés, de cette manière ils captent les vibrations de l’autre manche et donnent ainsi un son à la fois fouilli et cristallin.
Pour les autres éléments, on reste sur du classique de chez Gibson : chevalet Tune-O-Matic, corps en acajou, manche en érable ou acajou, touche en palissandre, 22 frettes, deux humbuckers par manche… Du déjà vu non ? Une petite différence avec les guitares à un seul manche : celle-ci avoisinne tout de même les 10 kg !
On peut se la procurer où cette double manche ?
Alors. C’est compliqué. La production se fait de manière très sporadique : parfois Gibson choisit de la fabriquer, parfois non. On a eu cette année une édition très limitée : 50 exemplaires ont été produits par le Gibson Custom Shop, une version reliquée par le Murphy Lab pour imiter au plus près celle de Jimmy Page. Il faut débourser 54 999 € (non, pas 55 000, on n’est pas des bêtes !) et se rendre au magasin Gibson de Londres ou sur Gibson.com.
Il arrive qu’Epiphone la produise sous le nom de G-1275, en général elle tourne autour de 800 à 1200€, mais là encore la production n’est pas linéaire. Harley Beton, la marque de Thomann, en propose une au prix de 498 €. Ce n’est pas une copie à 100%, il existe des différences notables, mais c’est un tarif vachement plus acceptable pour un instrument qu’on va utiliser seulement pour rigoler un peu.
Un héritage toujours d’actualité
Si la production de l’EDS-1275 s’est arrêtée en 1969, le modèle de Page, lui, a été fabriqué en 1971. Grâce à sa popularité et à celle d’autres guitaristes comme Slash de Guns N’Roses ou Don Felder de Eagles, Gibson relance régulièrement la production de ce modèle et l’EDS-1275 continue de faire rêver les guitaristes.