Il y a quelques jours la France et le monde de l’art tremblaient : un vol a eu lieu au musée du Louvre, rappelant que même les lieux les plus sécurisés peuvent se faire surprendre. Et dans l’univers de la musique, les vols spectaculaires ne manquent pas non plus.
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Certaines guitares mythiques ont disparu dans des circonstances dignes d’un polar… avant, parfois, de réapparaître des décennies plus tard. Petit tour d’horizon des guitares célèbres qui ont été volées — et des histoires parfois incroyables qui les entourent.
Jimmy Page – la Les Paul “Black Beauty”
Bien avant de manier sa “Number One” légendaire, Jimmy Page possédait une Les Paul Custom noire de 1960, surnommée “Black Beauty”. Trois micros, un Bigsby, et un son taillé pour ses sessions de studio dans le Londres des sixties. Tout bascule en 1970, pendant la tournée américaine de Led Zeppelin : après un concert à Minneapolis, la guitare disparaît à l’aéroport. Volée, envolée, fin de l’histoire ? Pas tout à fait.

Des décennies plus tard, en 1993, un magasin de guitares vintage de Minneapolis rachète une Les Paul suspecte pour 5 000 $. Il se rapproche des équipes de Page en indiquant que c’est peut-être bien la sienne. Les équipes (ou Page lui-même ?) disent que non, ce n’est pas possible : il n’y a pas de trace des trous du chevalet d’origine, remplacé par un Bigsby.
Après l’avoir amenée en magasin pour effectuer des réglages le propriétaire finit par réaliser en 2014, encore d’autres décennies plus tard et grâce à la lumière UV, que cette guitare était bien celle de Jimmy Page : les traces des anciens switchs et le motif unique de l’incrustation à la 12e case ne laissent aucun doute.
L’histoire se termine bien : la guitare retourne chez Page, en échange d’une autre Les Paul Custom de 1959. Une affaire honnête… mais un jackpot manqué : la Black Beauty aurait pu valoir une fortune.
Joe Perry – la Les Paul de 1959, rachetée par Slash
Dans les années 70, Joe Perry vivait vite, jouait fort… et dépensait encore plus vite. Sa Les Paul Standard de 1959, icône du son Aerosmith, finit dans un pawn shop, vendue pour financer ses excès. Le destin veut qu’elle tombe entre les mains de Slash, grand fan d’Aerosmith, qui la reconnaît immédiatement et l’utilise dans plusieurs clips, dont November Rain.

En 2002, Slash décide de rendre la guitare à Joe Perry. Pas de transaction, juste un cadeau entre guitar heroes. “Son cœur est si grand, je ne sais pas comment il tient dans sa poitrine”, plaisantera Perry sur le plateau de Conan O’Brien. Depuis, la guitare est protégée comme un trésor : un gardien dédié veille sur son étui à chaque déplacement. Difficile de faire mieux niveau sécurité.
Eric Clapton – la Les Paul “Beano”, disparue à jamais
C’est l’une des plus grandes disparitions de l’histoire de la guitare : la “Beano Burst” d’Eric Clapton. En 1965, il achète une superbe Les Paul Standard sunburst qu’il immortalise sur l’album des Blues Breakers avec John Mayall – la pochette où il lit le magazine Beano.

Mais en 1966, pendant une répétition avec Cream dans une église londonienne, la guitare est dérobée. On ne l’a jamais revue depuis.
Clapton en racheta une autre à Andy Summers (futur guitariste de The Police), pour 200 £, mais la légendaire Beano reste l’un des grands mystères du rock.
George Harrison – “Lucy”, la Les Paul rouge
Offerte par Eric Clapton en 1968, la Les Paul rouge “Lucy” de George Harrison est devenue une pièce emblématique du son Beatles. Malheureusement, elle disparaît en 1973, volée lors d’un cambriolage dans sa maison de Los Angeles.

Elle refait surface… dans un pawn shop au Mexique, avant d’atterrir entre les mains d’un musicien local. Harrison finit par la retrouver et la rachète pour de bon. Lucy est enfin revenue à la maison.
B.B. King – la “Lucille” prototype
B.B. King a eu de nombreuses Lucille, mais celle-ci était spéciale : un prototype offert par Gibson pour ses 80 ans, marqué “Prototype 1” sur la tête. En 2009, la guitare disparaît mystérieusement.

Quelques années plus tard, un collectionneur du nom d’Eric Dahl la découvre par hasard dans un pawn shop de Las Vegas. En la regardant de plus près et en remarquant le terme « Prototype » sur la tête, il comprend qu’il tient entre ses mains la Lucille de B.B. King. Reconnaissant, le roi du blues lui envoie une autre Lucille signée en remerciement. Classe absolue.
Peter Frampton – la Les Paul “Phoenix”, revenue d’entre les morts
En 1980, Peter Frampton croit sa Les Paul Custom noire perdue à jamais : l’avion transportant son matériel s’est écrasé. Guitare détruite, pensait-il.
Sauf qu’elle avait survécu. Pendant des années, elle traîne sur l’île de Curaçao, entre les mains d’un musicien local.

Des décennies plus tard, elle refait surface grâce à un collectionneur qui reconnaît l’instrument. En 2012, Frampton retrouve sa guitare, un peu cabossée, un peu ternie — mais bien vivante. D’où son nouveau surnom : “The Phoenix”.
Les Gibson ont la vie dure ?
Entre les vols, les disparitions et les résurrections dignes d’un miracle, ces histoires montrent à quel point une guitare peut avoir plusieurs vies — et une valeur sentimentale inestimable.
Mais en regardant cette liste, une chose saute aux yeux : mieux vaut éviter d’avoir une Les Paul… ou plus largement une Gibson, si on ne veut pas tenter le diable. À croire que ces guitares attirent autant les guitaristes que les voleurs.