Il fut un temps où chaque morceau rock digne de ce nom avait son solo de guitare iconique. Des titres comme Stairway to Heaven, Hotel California ou Comfortably Numb ont gravé dans l’histoire des solos aussi mélodiques qu’inoubliables. Pourtant, en écoutant les tubes actuels, un constat s’impose : le solo de guitare est en train de disparaître. Et depuis un moment en plus. Mais pourquoi cet élément autrefois incontournable est-il devenu si rare ?
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L’évolution de l’industrie musicale
Le premier coupable est sans doute l’évolution de l’industrie musicale elle-même. Les formats radio et streaming favorisent des morceaux courts et efficaces, taillés pour capter l’attention en quelques secondes. Dans un monde où tout doit aller vite, un solo de 30 secondes ou plus est souvent perçu comme une perte de temps.
De plus, le rock, genre qui a porté la guitare soliste au sommet, a perdu du terrain face à d’autres styles musicaux comme la pop, le rap ou l’électro. Les guitares restent présentes, mais elles sont souvent noyées dans le mix, reléguées à un simple accompagnement.
Une question de goût et de culture musicale
Autre facteur : l’évolution des goûts musicaux. Dans les années 60, 70 et 80, les guitar heroes étaient des idoles : Jimi Hendrix, Eddie Van Halen, Slash, Joe Satriani… Ils étaient perçus comme des virtuoses, et leurs solos étaient des moments attendus, voire sacrés. Aujourd’hui, l’approche est différente : la musique populaire met en avant les mélodies vocales et les productions modernes au détriment des performances instrumentales.
A l’époque la musique était également plus axée sur la mélodie, elle l’est aujourd’hui beaucoup plus sur la rythmique, qui est bien entendu moins le sujet de prédilection de la guitare.
Les nouvelles générations de musiciens sont aussi influencées par des styles qui ne reposent pas sur la guitare solo. Beaucoup d’artistes délaissent la technicité pure pour se concentrer sur le son et la texture musicale, une approche plus proche de la production que de la performance live.
Une overdose technique qui a lassé ?
Il y a aussi une part de lassitude. Dans les années 80 et 90, l’arrivée du shred et du metal progressif a poussé la virtuosité à son paroxysme. Des guitaristes comme Yngwie Malmsteen, Steve Vai ou encore John Petrucci ont atteint des niveaux de technicité exceptionnels, mais cela a aussi créé une sorte de déconnexion avec le public. Un solo ultra-rapide impressionne, mais il peut aussi sembler froid et déshumanisé.
Beaucoup de musiciens modernes préfèrent aujourd’hui revenir à des solos plus mélodiques et épurés, voire ne plus en mettre du tout pour ne pas briser le groove du morceau.
La guitare solo est-elle condamnée ?
Alors, les solos de guitare sont-ils voués à disparaître complètement ? Rien n’est moins sûr. Certains artistes actuels, comme John Mayer, Mateus Asato ou Mark Lettieri, continuent de faire vivre l’art du solo tout en l’adaptant aux goûts modernes. On retrouve également des guitares expressives dans des genres comme le blues, le jazz ou le metal, qui restent des bastions de la guitare soliste.
Le solo de guitare n’a peut-être plus la place centrale qu’il occupait autrefois, mais il peut encore exister sous une forme nouvelle. Plus subtil, mieux intégré aux morceaux, il doit trouver un équilibre entre virtuosité et musicalité.
Si les solos de guitare ne font plus rêver comme avant, c’est en grande partie parce que la musique a changé. Moins d’espace pour l’improvisation, des morceaux plus courts, une approche différente du son… Mais est-ce vraiment une mauvaise chose ? Peut-être que les solos était trop présents à une époque et qu’ils doivent maintenant se faire plus rares pour redevenir spéciaux.